« Mon ordinateur a été sans doute piraté. Vous l’avez exploité sans mon autorisation ». A plusieurs reprises, El Hadj Babacar Dioum, né le 24 février 1987 à Dakar et se disant administrateur de sociétés, a affirmé cette phrase face aux enquêteurs de la Dsc. Devant les preuves techniques formelles réunis contre lui, le mis en cause a tenté par tous les moyens de se dédouaner, même devant des évidences. Comme quand il a répondu : «Je ne suis pas l’auteur de ce message », lorsque les policiers lui ont présenté une capture dans laquelle lui-même écrivait à une de ses présumées victimes : «C’est bon la vidéo est supprimée ». Cueilli ce 17 juillet peu après l’heure légale (6 heures 5 minutes) comme l’a révélé en exclusivité Libération, l’homme suspecté d’être le fameux Kocc Barma, a été déféré au parquet pour association de malfaiteurs, stockage et diffusion de données à caractère personnel, d’images contraires aux bonnes mœurs et pédopornographiques, atteinte à le vie privée, extorsion de fonds, menaces, chantage, blanchiment de capitaux mais aussi faux sur des documents publics administratifs. A la suite d’un retour de parquet, El Hadji Babacar Dioum sera édifié sur son sort de mardi. Le mis en cause le savait sans doute lorsque les policiers ont débarqué chez lui à l’aube : l’exploitation de son ordinateur portable de marque Macbook pro 13 pouces allait corser son dossier. Face au refus d’El Hadji Babacar Dioum d’en donner les codes d’accès, les experts de la Dsc ont «craqué » l’ordinateur portable et les découvertes sont ahurissantes. Au totalement, les policiers ont dénombré 9000 fichiers structurés. Plusieurs fichiers sont intitulés «Paid not to publish » (payés pour ne pas être publiés). Ils sont suivis d’informations personnelles et détaillées sur des victimes de chantage qui sont passées à la caisse pour éviter la publication de leurs vidéos ou photos compromettantes dans les sites seneporno ou babiporno. C’est le cas de R.D de Dakar, une femme mariée ou M.L.D de Fatick. Un business qui rapportait gros à El Hadji Babacar Dioum. A preuve, la dame S.A.L a dû payer 2 millions de Fcfa pour faire disparaitre sa vidéo compromettante là où A.M.N, un homme connu pour sa discrétion, a mis sur la table 9668 euros. Le fruit de ce chantage, ajouté aux recettes publicitaires des sites dont les codes ont été retrouvés dans le même ordinateur de couleur grise, a rapporté une petite fortune. De 2017 à 2025, El Hadji Babacar Dioum a reçu sur compte Cbao ouvert le 15 juin 2017, une cinquantaine de virements provenant de la plateforme Exoclick pour un montant global de 43 millions de Fcfa. Du 28 juillet 2017 au 24 avril 2025, le même compte a reçu des versements de 50,428 millions d’un de ses présumés complices formellement identifié et recherché. Un autre fichier très compromettant a été trouvé dans l’ordinateur personnel du mis en cause, qui prétend… ne pas connaître sa provenance. Le dossier dénommé «Newgirls » est une compilation de 4191 vidéos et photos de futures cibles. L’autre dossier dénommé «Seneg », pour Sénégal, rassemble 407 sextape en plus d’être la preuve d’un stockage massif structuré de contenus privés sans consentement. Les autres dossiers sont dénommés «Nouveau dossier 3» (59 fichiers), «Nouveau dossier 4» (147 fichiers)… D’autres fichiers enregistrés sous «Preuve », Film », «WhatsApp unknown » mettent en évidence un canal de collecte via une messagerie ou des caméras personnelles. Côté face, El Hadji Babacar Dioum avait aussi mis en place deux sociétés Mba authority, spécialisée dans la vente de véhicule et le restaurant Eddys, situé à Sicap Mbao. Lors d’une perquisition dans ce dernier lieu, les enquêteurs ont découvert dans son bureau situé au fond du bâtiment, 1 modem portatif, 6 clés de voiture, 1 vidéo projecteur, de faux carnets de vaccination mais aussi, et surtout, un brouilleur de signal. «